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Marché des grains Le blé garde un potentiel de hausse

© C. Thiriet

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Les prix du blé ont connu une petite baisse de forme cette semaine, une baisse rapidement stoppée par des achats multiples, la reprise des discussions sino-américaines et la chute de l’euro. La situation européenne et mondiale du blé demeure très tendue : sans que cela n’empêche des affaissements momentanés, les prix du blé gardent un potentiel de hausse.

Un affaissement de courte durée

Après les fortes montées puis la stabilisation de la semaine dernière, les prix du blé sont en baisse cette semaine, en ordre dispersé toutefois : –2,5 €/t à La Pallice, à 208 €/t, –6 €/t à Rouen, à 208,5 €/t, et –8 €/t en Moselle, à 202,5 €/t. Ces affaissements se sont produits sur fond de baisse des prix mondiaux, baisse déclenchée par le rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture, l’USDA, publié le 10 août dans la soirée.

Ce rapport ne contenait pas de nouvelles fracassantes pour le blé, seulement une révision à la hausse de 1 Mt de la récolte russe à 68 millions de tonnes. Il entérinait la nette dégradation des récoltes et des potentialités d’exportation de blé européen. En fait, les prix ont chuté à cause des chiffres concernant le maïs et le soja, les productions américaines et les stocks de ces deux produits ayant été revus en nette hausse.

La chute de l’euro vient soutenir les prix

Depuis deux jours, la situation se retourne et les prix du blé repartent en hausse. Ils sont soutenus par une activité forte sur le marché mondial : achat cette semaine de 420 000 tonnes de blés roumain et russe par l’Égypte, de 300 000 tonnes de blés américain et canadien par l’Irak. La Jordanie a également acheté 60 000 tonnes de blé le 15 août et a relancé aussitôt un appel d’offres pour 120 000 tonnes.

Par ailleurs, des discussions sont annoncées entre la Chine et les États-Unis pour la fin du mois d’août. Même si elles ne semblent pas impliquer les plus hautes autorités des deux pays, elles pourraient quand même faire avancer les négociations. Cette annonce a été perçue comme un élément haussier pour les prix du soja, du maïs et, par entraînement, du blé.

Enfin, la semaine est aussi marquée par les mouvements monétaires ; le dollar, face à l’effondrement de plusieurs monnaies et notamment de la livre turque, fait figure de refuge. En conséquence, l’euro a fortement baissé face au dollar en quelques jours : –2 % en une semaine, à 1,137 €, le 16 août. Cela est aussi un facteur qui explique la remontée des prix français en euros.

Baisse des orges fourragère, stabilisation des brassicoles

Les prix des orges fourragères ont suivi ceux du blé à la baisse cette semaine, perdant 6,5 €/t à Rouen, à 208,5 €/t, et 5 €/t en Moselle, à 205 €/t. La baisse des orges européennes a été beaucoup plus marquée en dollar sur le marché mondial à cause de la baisse de l’euro. En dollar, les prix français se retrouvent à 242 $/t : –12 $/t depuis la semaine dernière.

Comme dans le même temps, les prix des orges ukrainiennes et russes ont peu changé, l’écart entre les orges françaises et celles de la mer Noire s’est rétréci à un peu plus de 10 $/t actuellement contre presque 20 $/t la semaine dernière. Cela va renforcer l’attractivité des orges françaises et venir rapidement bloquer la chute de leur prix. La Jordanie vient de relancer un appel d’offres pour 120 000 tonnes d’orge d’origine optionnelle.

Sur le segment brassicole, la situation s’est stabilisée cette semaine après la correction à la hausse de la semaine dernière : stabilité pour les orges d’hiver, à 224 €/t Fob Creil, et hausse de 1 €/t seulement pour les variétés de printemps, à 251 €/t Fob Creil. Cette stabilisation confirme le plus grand intérêt désormais des opérateurs à calibrer les orges d’hiver pour les utiliser en brasserie.

Correction baissière en maïs

Les maïs ont vu leur prix chuter sur l’ensemble de l’Hexagone, la baisse la plus marquée concernant les maïs de l’ancienne récolte dans l’Est de la France : –12 €/t en Fob Rhin. Les baisses ont été plus modérées dans les autres régions et pour les maïs de la nouvelle récolte : –4 €/t environ sur la façade atlantique.

Ce mouvement a été déclenché par une baisse généralisée sur le marché mondial à la suite du rapport de l’USDA de vendredi dernier en raison d’une révision à la hausse de la récolte et des stocks américains. Alors que le marché avait laissé les prix du maïs suivre ceux du blé, bien qu’à distance, cette nouvelle prévision et venue rappeler que la situation restait beaucoup plus lourde en maïs qu’en blé. Les maïs américains et sud-américains ont alors perdu 4 $/t. Pas de changement pour les maïs ukrainiens. La baisse semblait s’arrêter à la fin de la semaine après la reprise annoncée des discussions entre Pékin et Washington.

Les cours du soja en légère baisse

Les cotations du soja ont nettement reculé par rapport à la clôture de Chicago du 10 août dernier, faisant suite à la publication du rapport mensuel de l’USDA. Le ministère américain est optimiste au regard des rendements du soja américain, vu les bonnes conditions climatiques qui ont prévalu durant les phases clefs du développement des cultures.

Ainsi, l’estimation officielle pour la production de soja américaine de 2018-2019 est maintenant de presque 125 millions de tonnes (Mt) contre 117 Mt le mois dernier et 119,5 Mt en 2017. Les stocks américains devraient pratiquement doubler sur la nouvelle campagne avec une offre en forte hausse (stocks et production) et une demande stable (trituration et exportation proches de 2017-2018).

Après cette chute à la fin de la semaine dernière, les cours se sont ressaisis, les conditions climatiques s’étant récemment dégradées. Ce qui a entraîné une légère baisse du pourcentage des champs jugés dans un état bon à excellent dans les plaines américaines. Au milieu de la semaine, l’annonce de l’ouverture de nouvelles négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis a ajouté un peu d’optimisme sur les marchés et a contribué à un petit ressaisissement des prix. Finalement par rapport à la semaine dernière, le soja américain de la nouvelle récolte s’est replié de presque 3 $/t.

Léger repli du colza à la suite du soja

Le prix du colza recule lui aussi, de 2 €/t en Fob Moselle à 380,5 €/t et de 1 €/t en rendu Rouen à 370,5 €/t. Sur Euronext le prix est stable sur la semaine. Outre l’effet du soja, le prix du colza est soumis à des éléments contradictoires. La demande en huiles végétales sur le marché mondial est à la peine, notamment avec un recul des importations indienne, suite à l’élévation progressive des droits d’importation des différentes huiles par le gouvernement.

L’ensemble des huiles (colza, soja, tournesol, palme) est touché par ces mesures, ce qui pèse sur le prix mondial des huiles, et par ricochet sur le colza. La faiblesse actuelle de la monnaie d’autres importateurs importants pèse aussi sur les prix, la Turquie par exemple. Au contraire, le temps sec et chaud qui touche actuellement les prairies canadiennes renforce les risques d’y voir cette année une récolte de canola décevante. Sur des deux dernières semaines, le déficit de précipitations est en effet de 50 % par rapport à la normale dans ce pays, avec une température supérieure de 1,5°C à la normale.

Les bonnes récoltes pèsent sur le cours du tournesol

En tournesol, le prix recule de 10 €/t à Saint-Nazaire (à 325 €/t), les bonnes récoltes dans la zone de la mer Noire pesant sur les prix. La moisson se déroule en effet dans de bonnes conditions en Europe de l’Est, avec des températures de saison et un temps sec. Les premiers retours du terrain sont positifs. Le temps pluvieux du mois de juillet a bien profité aux cultures, et les rendements ainsi que les taux d’huile s’annoncent prometteurs.

Le pois grimpe faisant suite aux prix élevés du blé

Alors que le prix du tourteau de soja à Montoir est en déclin (–9 €/t) subissant l’effet de la révision en hausse des disponibilités de soja aux États-Unis sur la nouvelle campagne par l’USDA, le prix du pois augmente encore de 5 €/t cette semaine (à 220 €/t départ Marne). Les prix élevés des blés fourragers renforcent en effet la demande en pois des fabricants d’aliments du bétail. Le pois reste attractif notamment dans les rations porcines.

Tallage

À suivre : finalisation des récoltes dans l’Union européenne, récolte de blé en Russie, conditions pour le maïs dans l’hémisphère Nord, climat au Canada (colza), aux États-Unis (soja), négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine.

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